Photo: Le site de Grangeneuve à Posieux accueillait jeudi soir le synode de l’Eglise réformée fribourgeoise

Que faire de l'excédent de recettes de 195’000 fr sur l’exercice 2014? Appelés à en décider, jeudi 28 mai en Synode à Grangeneuve, les délégués des paroisses réformées fribourgeoises ont accepté sans broncher d’attribuer 30’000 fr. à une mise à jour de structures administratives et 30’000 au rattrapage d’un «trou» dans les cotisations au 2e pilier d’un ancien employé; ce dernier cumulait plusieurs temps partiels et le manque de coordination entre ses employeurs a conduit à une insuffisance de sa prévoyance vieillesse.

Par contre, le synode a décidé de réduire de 135’000 à 100’000 fr le montant que l’Eglise cantonale mettrait en réserve. «Même s’il est sage de prévoir des réserves, nous ne pouvons pas rester insensibles à la situation des migrants en mer Méditerranée et en Syrie», a plaidé un délégué de la paroisse d’Estavayer-le-Lac. Il a donc proposé un don de 35’000 fr à l’Entraide protestante (EPER). Une idée qui a été contrée par une proposition de don d'un même montant versé directement à l’Eglise protestante italienne qui vient en aide aux migrants arrivant sur l’île de Lampedusa. Finalement, c’est la première option qui a recueilli le plus de voix.

Un délégué a toutefois rappelé que ce geste devait rester exceptionnel: lors de la refonte du Règlement, ce même synode avait décidé que pour davantage de transparence financière, la solidarité était de compétence paroissiale et non synodale. Il en a profité pour appeler les paroisses à attribuer aux œuvres d’entraides le montant qui serait libéré par la baisse du taux de contribution des paroisses pour l’Eglise cantonale. En effet, jeudi également le Synode a décidé de réduire, pour la période 2016-2019, de 1,34% à 1,30% la rétrocession à la caisse centrale. Tablant sur une augmentation de la population, ce geste devrait permettre un financement suffisant des activités menées au niveau cantonal.

Le Synode a également débattu d’une motion déposée par Claude Bossoney de Châtel-Saint-Denis. Son texte demandait «d’étudier et de mettre en œuvre les moyens appropriés pour que l’Eglise évangélique réformée fribourgeoise apporte une aide et une espérance à la population de migrants.» Dans son argumentaire, le motionnaire a rappelé l’importance de tels gestes pour une Eglise, même si cela pouvait sembler insuffisant. «Jésus accomplissait des gestes prophétiques. Quand il guérissait un malade de la lèpre, il ne réglait pas le problème de la lèpre.» Claude Bossoney a également mis en garde ses pairs qu’en cette période d’attaques très dures contre l’asile, porter un discours de solidarité clair était un risque pour les paroisses qui risquent d’accuser des départs de paroissiens «sociologiques», qui paient leur contribution ecclésiastique, mais ne se rendent pas au culte.

Son texte a reçu un accueil très positif, mais au fil de la discussion, il est apparu que si le Conseil synodal (exécutif) pouvait proposer un train de mesures en faveur des migrants, il n’avait pas les moyens d’assurer une mise en œuvre sans repasser par le Synode. Le motionnaire ayant refusé de transformer son texte en postulat, la majorité du Synode a finalement décidé de refuser formellement la proposition, tout en insistant, dans les différentes prises de parole sur une acceptation sur le fond.

Le Conseil synodal (exécutif) repart donc avec une sollicitation orale d’enquêter sur les besoins en matière d’aide aux migrants dans le canton et de proposer des pistes de réponses lors d’un prochain synode.