Le Conseil d’Etat genevois entend encourager des aumôneries interreligieuses

Le Conseil d’Etat genevois entend encourager des aumôneries interreligieuses

Genève aura sa «Loi sur les communautés religieuses et la laïcité». D’ici la fin de l’année, un projet de texte, ainsi que quelques autres modifications légales seront soumis au Grand Conseil. Le projet reprend, dans les grandes lignes, le rapport du groupe de travail sur la laïcité présenté en novembre passé.

Photo: CC(by)José

«Le Conseil d’Etat souhaite inscrire dans la loi le soutien aux aumôneries interreligieuses (et non d’une confession en particulier) à la faveur de l’action favorable qu’elles déploient en milieux hospitalier et en milieu carcéral notamment», peut-on lire sur le document présentant les lignes directrices du Conseil d’Etat en ce qui concerne la future «Loi sur les communautés religieuses et la laïcité.» Une ouverture qui n’apparaissait pas dans le rapport du groupe de travail sur la laïcité (dit rapport Cuénod), récemment mis en consultation et qui a servi de base de travail aux élus.

En effet, le rapport Cuénod, s’il reconnaissait qu’il «est du devoir d’un Etat laïc de permettre à tous ses administrés de recevoir une assistance religieuse et/ou spirituelle», concluait qu’«il ne saurait être question d’un salariat des aumôniers par l’Etat». Mais pour André Castella, secrétaire général adjoint de Département de la Sécurité et de l’Economie du Canton de Genève, «les aumôneries, en particulier en prison ou en milieux hospitaliers ont un rôle social et de conseils. Et ces activités-là pourraient être financées par l’Etat.» En clair, un subside pourrait être accordé pour le temps que l’aumônier passe à aider une personne dans ses problèmes de tous les jours, mais pas pour le temps qu’il passe à prier avec elle.

Pas question, par contre, d’avoir une aumônerie par communauté religieuse. Les différentes communautés devront parvenir à collaborer entre elles. «On ne peut pas les contraindre à participer à une aumônerie interreligieuse, mais elle serait souhaitée par l’Etat. L’Office cantonal de la détention, en particulier, a des attentes en terme d’aumônerie», note André Castella.

Un débat sur le voile intégral

Autre point sur lequel le Conseil d’Etat s’éloigne quelque peu du rapport Cuénod: le port du voile intégral. Les experts du groupe de travail, reconnaissaient que «présenter un visage masqué sur la voie publique heurte les coutumes genevoises, porte atteinte aux liens sociaux les plus essentiels ainsi qu’au respect dû à son interlocuteur», mais concluait finalement qu’il «préférerait que l’on ne soit pas amené à légiférer, les débats sur ces questions pouvant causer plus de dommages à la paix confessionnelle que les menaces que l’on prétend écarter en légiférant.» Mais pour le Conseil d’Etat, «l’interdiction de se couvrir le visage dans l’espace public sera à nouveau étudiée en prenant en compte les aspects de sécurité, de dignité humaine et de lien social». André Castella explique «le Conseil d’Etat souhaite avoir une attitude proactive sur la question, et pas seulement sur la question d’une forme de voile ou d’une autre, mais sur toute forme de couverture du visage.»

L’évangélisation est un droit

Malgré la polémique qui a secoué la ville de Genève après l’interdiction de stands religieux, l’automne passé, le Conseil d’Etat suit les recommandations du Groupe de travail. Le rapport Cuénod défend, en effet, que «chacun a le droit d’exprimer ses convictions à un ou plusieurs tiers dans l’espace public; en revanche, si son ou ses interlocuteurs les rejettent ou refusent d’entrer en discussion, celui qui veut convaincre doit s’abstenir d’insister.» André Castella conclut: «si on défend le droit de changer de religion, la moindre des choses est de défendre le droit à être informé sur les religions. Pour autant qu’il n’y ait pas d’appel à la violence.»

Conformément aux directives du Conseil d’Etat, le Département de la Sécurité et de l’Economie et les différents services concernés rédigeront d’ici à l’automne un projet de loi, et de modifications légales. Ces éléments seront alors soumis au Conseil d’Etat, avant d’être présenté au Grand Conseil.