Héberger des jeunes en situation de non-droit

Héberger des jeunes en situation de non-droit

Dans le cadre des Journées nationales de la Fédération d’entraide protestante, qui se sont tenues à Lille les 27 et 28 mars 2015, des associations lilloises ont accueilli les participants pour leur raconter les parcours de vie des personnes qu’elles accompagnent. Parmi elles, le pasteur baptiste Christian de La Roque et la Doctoresse Omolade Alao, du Centre de la Réconciliation, ont présenté le parcours des mineurs isolés étrangers.

Photo: CC(by-sa) Thomas Bartherote

Par Isabelle Fiévet-Rossignol, Protestinter

En mai 2013, on estimait à environ 8’000 le nombre de mineurs isolés étrangers en France. Ces enfants doivent normalement être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, en attendant de pouvoir exercer leurs droits, demander l’asile, former un recours contre une décision administrative ou judiciaire, et enfin être scolarisés.

La plupart du temps, cette mise sous protection de l’Aide sociale à l’enfance est une démarche qui peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, surtout lorsque le jeune a plus de 15-16 ans et que l’on vérifie préalablement sa minorité. Pendant ce temps, il est en situation de non-droit, et ne dispose d’aucune aide, ni alimentaire, ni juridique, ni sanitaire, et dort dans la rue.

Ainsi, Moussa, 16 ans, malgré des papiers d’origine (certificat de naissance, papiers d’identité), s’est vu refuser la reconnaissance de sa minorité, car il y avait une faute d’orthographe sur son certificat. Il a dû attendre plusieurs mois, et faire des démarches pour obtenir un nouveau certificat, avant de voir sa minorité reconnue.

Chaque nuit, le Centre de la paroisse de La Réconciliation de Lille héberge une vingtaine de jeunes dans cette situation. A la tombée du jour, ils entrent par les portes de l’arrière du Temple, installent les matelas et couvertures prêtés par la paroisse et passent la nuit dans l’Eglise. Le matin, ils rangent tout et repartent dans la rue.

«Beaucoup sont en survie, leur prochaine étape, c’est le repas du soir et pourtant il va falloir qu’ils racontent leur parcours de vie. L’administration va les écouter, à l’affut d’une faille dans leur discours…» expliquent Christian De La Roque et Omolade Dialo.

La Réconciliation ne fait que les héberger la nuit, car «ce n’est pas interdit» et a organisé pour les aider une sorte de tour de piste avec d’autres associations qui leur donnent des repas, du linge, de l’aide pour leur dossier administratif. Ils essaient aussi de les faire parler, de leur faire raconter leur histoire, et puis de leur apporter un peu de connaissances. Car ces jeunes sont dans la rue toute la journée, ils errent.