Les habitants des cantons clairement chrétiens sont plus réticents face à l’islam

Les habitants des cantons clairement chrétiens sont plus réticents face à l’islam

Une étude publiée mi-mars à Berlin a montré que dans les cantons suisses à forte imprégnation chrétienne, les habitants seraient enclins à être plus méfiants vis-à-vis des musulmans. Deux chercheurs ont mis en évidence la relation entre les réticences exprimées par la population avec les liens qu’entretiennent Eglise et Etat dans les différents cantons.

photo: CC(by)Kecko

(EPD/Protestinfo) Marc Helbling et Richard Traunmüller considèrent la Suisse comme «un laboratoire pour l’Europe». Ils sont tous deux chercheurs: le premier exerce au centre scientifique de recherche sociale à Berlin, et le deuxième à l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main. Leur étude faite à distance a été publiée le 10 mars. Elle avait pour but d’examiner, en prenant l’exemple de la Suisse, si un fort ancrage chrétien, et spécialement un lien fort entre Eglise et Etat, influençait de quelque manière l’attitude des populations vis-à-vis des autres religions.

En conclusion de leur étude, ils ont déclaré que «dans les cantons où prédomine une identité culturelle traditionnellement chrétienne, prise en charge par l’état, les personnes interrogées ont tendance à estimer qu’il y a trop d’immigrants musulmans dans le pays». Ce sont, ont-ils ajouté, les mêmes personnes qui tendent à refuser la construction de minarets ou le port du voile dans lieux publics.

Une recherche basée sur un sondage effectué en Suisse en 2011

Pour l’étude, les chercheurs ont mis en relation les données d’un sondage effectué en Suisse en 2011, avec la politique du canton en matière de religion. Les critères qu’ils ont utilisés pour cela étaient au nombre de quatre: le soutien financier de l’Eglise par l’Etat, l’existence d’un impôt ecclésiastique, les jours fériés religieux et l’enseignement du fait religieux à l’école. D’un canton à l’autre, les résultats se sont donc révélés différents.

Le lien fort Eglise Etat mis en cause

Les deux chercheurs en ont déduit que lorsque la vie publique connait une forte interpénétration du culturel et du religieux, les nouveaux venus appartenant à d’autres religions seraient davantage perçus comme une menace pour la tradition propre des autochtones et leur mode de vie. Dans les cantons où la séparation entre Eglise et Etat est plus marquée, les musulmans seraient au contraire moins considérés comme des «concurrents», et des droits leur seraient plus facilement accordés.

Prendre en compte tous les critères dans les études sur l’immigration

En ce qui concerne la recherche concernant l’immigration, Marc Helbling et Richard Traunmüller recommandent une attention accrue: il s’agit selon eux de considérer les aspects autres que les seuls aspects démographiques et économiques. Leur conclusion est la suivante: le soutien de la religion par l’Etat est non seulement très répandu en Europe occidentale, mais pour l’heure n’est pas considéré par les chercheurs comme quelque chose de problématique. Sur cette question par contre ont-ils écrit, «nos résultats en appellent à la prudence.»