Les «descendants spirituels des Vikings» auront leur temple

Les «descendants spirituels des Vikings» auront leur temple

Thor, Odin et Freya auront bientôt un lieu de culte. Un temple est en cours de construction en Islande: le premier à rendre hommage à ces trois dieux nordiques depuis que les Vikings ont écumé les mers il y a 1000 ans de cela.

Illustration: une représentation de la mythologie nordique sur un manuscrit islandais du XVIIIe siècle. LDD

, RNS-Protestinter

Un temple dédié aux dieux des Vikings est en construction sur une colline qui surplombe Reykjavik, la capitale de l’Islande. Cet évènement reflète un intérêt croissant pour la religion viking à la fois dans ce pays nordique et ailleurs. «Je ne pense pas que quiconque croie en un dieu borgne qui chevauche par là autour, monté sur un cheval à huit pattes», a déclaré Hilmar Orn Hilmarsson à l’agence de presse Reuters. Ce musicien est également grand-prêtre d’Ásatrú; c’est ainsi que s’appelle ce culte des dieux nordiques. «Nous voyons ces histoires comme des métaphores poétiques, ainsi que comme une manifestation à la fois des forces de la nature et de la psychologie humaine», a-t-il déclaré.

Statut reconnu en Islande depuis 1973

L’an dernier, les adeptes islandais d’Ásatrú –ou Ásatrúars– étaient environ 2400 sur une population de 330’000 personnes, d’après les statistiques officielles. Le nouveau temple sera utilisé pour les mariages, les funérailles et les cérémonies de baptême qui restent une affaire importante pour les Vikings d’antan et d’aujourd’hui. Mais ne cherchez pas de sacrifices d’animaux; les Vikings contemporains les ont remplacés par des sacrifices symboliques et se focalisent sur les valeurs d’hospitalité, d’honnêteté, d’autonomie et d’honneur.

La croyance dans les dieux nordiques s’est éteinte en Islande et un peu partout ailleurs en Europe il y a environ mille ans, après avoir été balayée par le christianisme. Mais Ásatrú a connu une revitalisation dans les années 1970, lorsque les jeunes générations ont porté un renouveau d’intérêt à de nombreuses religions basées sur la terre. Ce culte a été reconnu comme une religion officielle en Islande en 1973.

On rencontre maintenant des «kindred» –ainsi que se nomment les communautés de fidèles Ásatrú, ce que l’on peut traduire par «parenté» ou au sens large foyer ou clan– dans des endroits que les Vikings n’ont jamais vu, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et dans pas moins de 21 états américains, notamment l’Arizona, le Mississippi et l’Idaho.

Une réponse à la complexité du monde

Stephen McNallen est considéré par beaucoup comme celui qui a favorisé la renaissance d’Ásatrú aux Etats-Unis. Il est l’un des fondateurs de l’Ásatrú Folk Assembly (AFA), l’une parmi plusieurs autres organisations Ásatrú en Amérique, et il estime à près de 20’000 le nombre d’adeptes américains.

Les gens sont attirés par l’Ásatrú pour de multiples raisons, at-il dit. «L’une d’entre elles, je pense, prend sa source dans le besoin d’avoir une autonomie spirituelle dans un monde qui est excessivement complexe et qui inhibe la liberté individuelle et d’expression» a-t-il déclaré dans une interview téléphonique, depuis son domicile situé dans les contreforts de la Sierra Nevada, en Californie. «Beaucoup de gens sont à la recherche de continuité au-delà de ce petit espace-temps. Une autre raison est que certaines personnes éprouvent le désir de retourner à leurs racines ancestrales».

Un «retour aux racines» qui provoque la méfiance pour des raisons historiques

C’est ce dernier point qui a causé par le passé quelques problèmes à certains pratiquants d’Ásatrú. En effet, les nazis ont emprunté certains aspects d’Ásatrú pour justifier leur quête d’une «race aryenne pure». Et aujourd’hui, certains groupes prônant la suprématie blanche se réclament de croyances nordiques. Cependant, Stephen McNallen explique que «le véritable Ásatrú n’a rien à voir avec le racisme. Comme toutes les religions ethniques, Ásatrú est positif, il est affirmation de la vie et il n’a pas de connotation négative à l’égard d’autres groupes», a-t-il déclaré.

Le passé adapté au présent

Aucun équivalent au nouveau temple islandais n’est prévu aux Etats-unis. Cette nouvelle bâtisse près de Reykjavik sera en fait très différente d’un lieu de culte viking tel qu’il se présentait: des longues halles en bois rectangulaires. Le nouveau temple sera circulaire et surmonté d’un dôme. Stephen McNallen aime le projet et le voit comme une sorte de pont entre les fidèles du passé et ceux du présent. «Ce qu’ils font me semble très innovant», a-t-il affirmé. «Pour certaines personnes, en particulier pour les jeunes, cela prend du temps de réaliser que nous ne sommes pas des Vikings. Nous sommes les descendants spirituels des Vikings et nous avons à donner des réponses à de vraies personnes vivant au XXIe siècle. Nous ne pouvons pas vivre dans le passé.»