Quatre monastères romands immortalisés en photos

Quatre monastères romands immortalisés en photos

Le photographe genevois Patrick Gilliéron Lopreno présente 78 photos de monastères fribourgeois et valaisans, dans un ouvrage publié à la fin du mois d’août. Entre moments de prières et recueillement, les clichés en noir et blanc laissent apparaître le quotidien des moines et des capucines.

Photos: © Patrick Gilliéron Lopreno

«Cet ouvrage est la suite de mon travail et de ma réflexion autour de l’enfermement», explique le photographe Patrick Gilliéron Lopreno qui ajoute apprécier les endroits clos et délimités. Son premier livre «Monastères», publié à la fin du mois d’août, propose 78 photos de la vie quotidienne des moines et des capucines de quatre monastères en Suisse romande. En 2010, l’artiste avait commencé un travail sur la thématique de l’enfermement dans les prisons de Champ-Dollon (GE), Bochuz (VD) et la Brenaz (GE). Marqué par cette expérience, le photographe s’est intéressé par la suite à la vie monacale «pour se rapprocher de ceux qui, à l’inverse [des prisonniers], ont choisi volontairement de se retirer du monde». Entre la prise de contact avec les différentes communautés jusqu’à la parution du livre, il aura fallu près de trois ans à l’artiste pour permettre au public d’entrer dans ces lieux méconnus.

Des moines cisterciens traversent, en file indienne, le cloître gothique de l’abbaye d’Hauterive à Posieux (FR), vêtus de coules blanches. Une capucine du monastère de Montorge (FR) se prosterne, repliée sur le sol, lors de l’office du matin. Un chanoine de l’abbaye de Saint-Maurice (VS) boit son café dans la salle de repos, devant la peinture d’un cardinal qui semble lever le doigt en signe de réprobation. Un moine cistercien vietnamien mange un morceau de pain dans la cuisine du monastère Notre-Dame de Fatima à Orsonnens (FR) qui accueille exclusivement des moines cisterciens d’origine vietnamienne, pour la plupart des «boat people» arrivés en Suisse à la fin des années 1970. Toutes les photos sont réalisées en argentique avec de la pellicule noir et blanc 24x36, une position photographique que défend l’artiste.

Difficile d’entrer dans un monastère

Si Patrick Gilliéron Lopreno a réussi à entrer dans ces lieux de prières, sa démarche a demandé du temps. «Tous les monastères que j’ai contactés ont d’abord refusé ma requête. Puis, après plusieurs échanges de lettres et de mails pour expliquer mon travail, la confiance s’est installée, et certaines communautés ont accepté ma présence», précise le photographe. Ainsi, cet artiste de 37 ans a vécu plusieurs journées avec chaque congrégation. «J’arrivais à l’aube et je participais à toutes les activités jusqu’au soir. J’étais libre de me promener partout et de photographier tout ce que j’ai pu découvrir. Ce n’est pas l’élément religieux, dans le sens institutionnel de l’Eglise qui m’a poussé, mais le respect et l’attitude contemplative des moines».

Après un master en lettres à l’Université de Genève, Patrick Gilliéron Lopreno s’est formé en photojournalisme au sein de l’agence Grazia Neri à Milan. «Je suis très attaché à la démarche documentaire et lorsque je prends des photos, j’ai besoin de définir un territoire. Ainsi je réalise un documentaire qui devient une fiction, une narration qui ne dépend pas du lieu même où les clichés ont été pris». Patrick Gilliéron Lopreno se dit inspiré par le travail du photographe suisse, Marcel Imsand, en particulier par sa photographie Rideau au vent (Romont 1978). Parallèlement à sa carrière artistique, ce photographe travaille pour plusieurs journaux suisses et étrangers.

«Monastères» a été publié par les Editions Labor et Fidès. Au début de l’ouvrage, une préface de l’historien des religions Philippe Borgeaud ainsi qu’une introduction de l’auteur lui-même éclaire le public sur la démarche et les motivations du photographe.