Créationnisme à l’école: Genève prévoit de renforcer son cadre légal

Créationnisme à l’école: Genève prévoit de renforcer son cadre légal

Dans le cadre de la réforme de la Loi sur l’instruction publique, le Grand Conseil genevois pourrait bien ajouter les objectifs et finalités de l’enseignement public à la liste des exigences auxquelles les écoles privées doivent se conformer.

En janvier, un séisme politico-médiatique avait traversé la Suisse romande après qu’un article de Protestinfo rappelait l’existence d’écoles privées revendiquant un enseignement conforme à la doctrine créationniste. Sur Genève et Vaud, des enquêtes avaient été ordonnées.

«L’inspection approfondie dans deux écoles concernées a bien été effectuée, avec une attention particulière sur les cours de science. Nous pouvons relever à cet égard une très bonne collaboration avec les écoles concernées», relève Aurore Duteil, secrétaire générale adjointe du Département genevois de l’instruction publique de la culture et du sport, interrogée sur l’avancée de la procédure. «Une synthèse à l’attention de la conseillère d’Etat est en cours de réalisation et le travail sur le dossier reprendra à cette rentrée, suite à la pause estivale.»

Témoignage vaudois

La semaine dernière, un ancien enseignant d’une école privée vaudoise a publié sur internet un témoignage dans lequel il explique présenter à ses élèves créationnisme et évolutionnisme comme deux théories véhiculant des valeurs opposées (notre article du 21 août). Dans ce document, il relate aussi comment le Canton de Vaud aurait exigé des modifications du plan d’études de cet établissement, avant de se rétracter par la voix d’un fonctionnaire, qui aurait reconnu l’absence de base légale pour étayer cette demande lors d’une rencontre avec la direction de l’école en question. Une thèse étayée par un communiqué de l’association des écoles chrétiennes instruire.ch, dans lequel on apprend que les trois écoles situées sur le territoire vaudois ont été «blanchies», alors que, de son côté, Anne-Catherine Lyon, conseillère d’Etat en charge du Département vaudois de l’Instruction publique et de la culture se refuse à tout commentaire.

Aurore Duteil refuse de se prononcer sur le contenu de l’enseignement décrit par le témoignage de l’instituteur vaudois, car il relève de l’autorité d’un autre canton. Interrogée sur la question de la base légale, elle explique. «A Genève, selon la Loi sur l’instruction publique (LIP) et le règlement relatif à l’enseignement privé (REPriv), les écoles privées font l’objet d’une surveillance générale de la part du DIP. L’enseignement doit être en conformité avec les objectifs du Plan d’études romand (PER).» Des visites de contrôle ont lieu régulièrement. «Le DIP ne garantit pas le contenu ni la qualité de l’enseignement. Les écoles privées sont donc libres quant au choix de leur méthode pédagogique et ne sont pas soumises à l’obligation de laïcité. Ainsi, le DIP ne vérifie pas le contenu de l’enseignement confessionnel, mais s’assure que le programme de l’école est conforme au PER. A ce titre, l’enseignement du créationnisme dans le cadre d’un cours de science ne peut être accepté.»

Révision de la loi

Ce cadre légal sera toutefois renforcé. Les écoles privées pourraient dans le futur avoir à «se conformer aux objectifs et finalités de l’enseignement public.» Cet ajout fait partie du projet de révision de la LIP présenté par le Conseil d’Etat et dont l’examen va prochainement débuter par la commission enseignement du Grand Conseil. Dans l’actuelle LIP, seuls les respects de l’ordre public, des bonnes mœurs et de l’hygiène sont mentionnés comme requis nécessaires à l’obtention d’une autorisation préalable d’exploiter une école privée.