Le Kurdistan irakien un «point de lumière» pour les minorités ethniques irakiennes

Le Kurdistan irakien un «point de lumière» pour les minorités ethniques irakiennes

La région autonome du nord-est de l’Irak accueille des milliers de réfugiés issus des minorités ethniques du pays alors que l’Etat fédéral lui a coupé ses ressources. Rencontre à Genève avec des membres du gouvernement régional.

Photo - De gauche à droite:

  • Khalid Jamal Alber, directeur des Affaires chrétiennes au sein du Ministère des affaires religieuses du Kurdistan irakien;
  • Mohammad Ahmad Saeed Shakaly, conseiller personnel de Massoud Barzani, président de la région Kurde;
  • Khairi Bozani, directeur des Affaires yézidis au sein du Ministère des affaires religieuses du Kurdistan irakien.

Quelque 1370 familles chrétiennes ont quitté la ville de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, chassées par les djihadistes de l’Etat islamique qui ont pris le pouvoir sur cette ville du nord du pays. La plupart se sont réfugiés dans le Kurdistan irakien voisin.

Plusieurs membres du gouvernement autonome du Kurdistan étaient, cette semaine, de passage à Genève pour suivre la formation du Geneva Institute for Leadership and Public Policy, un cours intensif mis en place par l’organisation Global Hope Network International, dont l’objectif est de donner des outils aux leaders pour les aider à «transformer leur pays en direction de la liberté et de la prospérité».

Khalid Jamal Alber, directeur des Affaires chrétiennes au sein du Ministère des affaires religieuses s’alarme ainsi de la situation des personnes ayant fuit Mossoul. «Ces familles ont tout perdu. Leur maison, leurs économies, parfois elles n’ont même pas pu récupérer leurs pièces d’identité ou leurs médicaments. Le seul espoir pour qu’elles puissent revenir chez elles est que ce régime criminel soit renversé.» Il en appelle à la communauté internationale. «Il faut soutenir le peuple irakien afin qu’il puisse s’opposer à ces terroristes qui ne font que semer la division parmi les Irakiens.»

Khalid Jamal Alber ajoute «Le Kurdistan irakien est devenu le dernier lieu en Irak où les minorités ethniques sont en sécurité. C’est comme un point de lumière au milieu de l’obscurité.» La région de moins de 5 millions d’habitants a ainsi accueilli plus de 270’000 Syriens et, depuis 2004, des chrétiens «qui ont été déplacés depuis le sud et le centre de l’Irak. Avant 2003, environ 1,3 million de chrétiens vivaient en Irak, rappelle Khalid Jamal Alber. Aujourd’hui, ils sont moins de 600’000. La plupart ont émigré au Kurdistan ou on quitté l’Irak, en raison des violences dont ils sont victimes au sud et au centre du pays. Les chrétiens sont les victimes du conflit qui oppose les chiites et les sunnites.»

Budgets bloqués par l’Etat fédéral

Le Kurdistan paye cher son soutien non seulement aux chrétiens, mais à toutes les minorités ethniques, par exemple les yézidis, adeptes d’une religion monothéiste originaire d’Iran. «Depuis janvier 2014, le gouvernement central à Bagdad, ne finance plus le gouvernement régional du Kurdistan. Son budget dépend pourtant à 17% de l’Etat fédéral.» Le Kurdistan vit actuellement sur ses réserves et sur ses ventes de pétroles. «Mais nous craignons qu’à l’avenir nos exportations de pétroles soient contingentées.»

D’autre part, la frontière entre la zone contrôlée par l’Etat islamique et le Kurdistan irakien est longue de 1500 km. «Sur cette zone, il y a quotidiennement des conflits qui éclatent», prévient Mohammad Ahmad Saeed Shakaly, conseiller personnel de Massoud Barzani, président de la région Kurde. «L’Etat islamique propage un esprit de haine entre le reste de l’Irak et les Kurdes», constate Khalid Jamal Alber.