Un couple partenarié s'unit à l’église

Un couple partenarié s'unit à l’église

Ils ont placé leur amour devant Dieu en mai dernier. Deux partenaires enregistrés témoignent d’une pratique nouvelle dans l’Eglise réformée vaudoise.

Photo: CC (by) Lauradye

, Bonne Nouvelle

«Se retrouver devant Dieu avec nos proches était la suite logique de notre amour». Pierre et Alejandro, en couple depuis quatre ans, ont célébré leur rite pour partenaires enregistrés le 10 mai dernier au temple de Montreux. «L’Eglise envoie un message d’ouverture à la société et donne une reconnaissance à notre couple», explique Alejandro. Durant la préparation avec le pasteur, «nous avons eu beaucoup de liberté s’agissant de la musique, de la décoration de l’église. Nous avions un recueil de textes à choix qui nous a permis de composer notre propre célébration». Une évocation de l’amour qui perdure à travers les épreuves et la distance, les anges, chers aux couples, et un rappel de leur vie. Le pasteur a su écouter et cerner les deux hommes.

«Il y avait pourtant un côté protocolaire. L’évocation explicite du lien qui nous unit nous a manqué». Le couple déplore le côté «trop millimétré du culte, ôtant une certaine magie à la célébration». Les deux hommes restent pourtant lucides: «Comme toute nouvelle pratique, elle a besoin d’être testée, avant de subir d’éventuels changements. Il faut que les gens voient qu’il n’y a ni extravagance ni cliché homosexuel.» Heureux d’avoir pu réunir famille et amis, autant que d’avoir pu échanger des anneaux, ils espèrent que l’avenir amènera plus de contenu à la célébration. «Nous avions à cœur d’aller à l’église, même si la prière d’intercession remplace la bénédiction du mariage. Cela a plus de sens qu’une démarche purement administrative à l’état civil», commente Pierre.

«Aimez-vous les uns les autres, disait le Christ, c’est le plus important», rappelle Alejandro. L’un protestant, l’autre catholique, «nous sommes allés là où les portes se sont ouvertes». Ils soulèvent un paradoxe: «Ce pas en avant maintient l’inégalité entre couples homosexuels et hétérosexuels. Or l’amour n’a pas de sexe.» Si la différence est faite aujourd’hui, le couple se réjouit de cette avancée de l’Eglise réformée vaudoise. «Nous sommes dans un canton ouvert. L’Eglise comme les gens nous marginalisent de moins en moins». Fier d’avoir pu réaliser cette célébration, le couple préfère rester discret. «Il ne s’agissait pas d’un acte de militance. Nous l’avons fait par conviction». Les deux hommes encouragent d’autres couples partenariés à profiter de cette possibilité offerte par l’Eglise. «Il y a tant de difficultés au quotidien pour un couple partenarié que cette célébration est un symbole fort pour notre couple, mais surtout pour notre amour», concluent-ils. 

Une première pour le pasteur Jacques Ramuz

Le pasteur Jacques Ramuz a célébré le rite entre Pierre et Alejandro. Une première pour le ministre, qui n’a pas hésité à accompagner le couple. «Il était beau de cheminer avec le couple et d'être le témoin de leur investissement, de leur authenticité et de leur réel désir de se placer devant Dieu pour vivre honnêtement ce qu’ils sont». Lorsque le couple a demandé à Jacques Ramuz de célébrer un rite pour partenaires enregistrés, le pasteur n’a pas hésité. «J’étais en accord avec les décisions du Synode».

Avant d’accompagner le couple, le pasteur a dû consulter les documents officiels. «Je n’étais pas spécialement préparé, tout était nouveau». Lors des rencontres, Jacques Ramuz a expliqué et préparé la liturgie avec le couple. Le texte principal était la rencontre de Jésus et la Samaritaine. «Dans ce texte, Jésus brise les frontières et les préjugés. Ce qui compte c’est l’être humain, peu importe son sexe, son origine ou sa culture». Pour accompagner le culte, le couple avait aussi choisi un texte tiré de l’épitre aux Corinthiens: «Trois choses demeurent: la foi, l’espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand.»

Cette célébration, Jacques Ramuz l’a vécue, avec sa stagiaire, comme un «beau moment, spirituel, rempli d’intériorité, de franchise et de conviction». «Si l’introduction de ce rite est une bonne chose, il doit être vécu avec l'accord du conseil de paroisse». Le pasteur a tenu le conseil informé tout au long de la préparation, sollicitant son accord. A présent rôdé sur ce nouveau rite, Jacques Ramuz n’hésiterait pas à accompagner à nouveau un couple de partenaires enregistrés. Cet article a été publié dans:

L'édition du 17 juillet 2014 du quotidien vaudois 24heures.