L’Eglise réformée vaudoise choisit la continuité plutôt que les «trublions»

L’Eglise réformée vaudoise choisit la continuité plutôt que les «trublions»

Réuni samedi à Lausanne en Synode constitutif pour la législature 2014-1019, l’organe délibérant de l’Eglise évangélique réformée vaudoise a nommé son bureau et le Conseil synodal (exécutif). Les deux candidats qui proposaient des alternatives ne sont pas parvenus à s’imposer.

Photo: Le nouveau Conseil synodal. De gauche à droite: Jean-Michel Sordet, Myriam Karlström, Xavier Paillard, Esther Gaillard, Line Dépraz, John Christin et Pascale Gilgien. ©EERV

Elus en mai, lors d’assemblées régionales, les délégués au Synode pour la législature 2014-2019, se sont rencontrés samedi pour la première fois au Palais de Rumine par Lausanne. A l’ordre du jour de l’organe délibérant de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV), les élections des multiples instances de l’Eglise, en particulier le Bureau du Synode et le Conseil synodal.

Quelle place pour la pluralité au sein de l’EERV?

Faut-il faire une place au sein de l’exécutif de l’EERV pour des représentants de la mouvance évangélique, présente parmi les paroissiens de cette Eglise? C’est la déléguée Suzette Sandoz qui a le mieux résumé l’enjeu de l’élection au Conseil synodal: «Vous savez qu’il y a parfois dans notre Eglise une forme de guerre un peu larvée entre certains théologiens et les croyants de sensibilité évangélique», a-t-elle rappelé. Elle soutenait la candidature du pasteur Daniel Fatzer qu’elle a présenté comme un candidat «capable de tisser des liens vers des sensibilités théologiques différentes.» Le pasteur de sensibilité évangélique, Martin Hoegger était également candidat au Conseil synodal.

Comme les trois pasteurs de l’actuel Conseil synodal se représentaient tous et que l’élection se joue sur deux listes séparées: quatre sièges pour les laïcs et trois pour les ministres, il y avait donc cinq pasteurs pour trois postes. Le délégué Michel Henry a rappelé qu’«il est important que la pluralité des couleurs théologiques soit maintenue.» Mais, Françoise Schneiter a appelé le Synode à renouveler sa confiance en une équipe collégiale. «Nous n’avons pas besoin de trublions», a confirmé le délégué Yaël Saugy. Cette position a finalement été suivie puisque les 67 votants ont confirmé les trois ministres en place: Line Dépraz: 50 voix; Xavier Paillard: 44 voix; et Jean-Michel Sordet: 39 voix.

Avec quatre candidats pour quatre postes, l’élection des conseillers laïcs a été sans surprise. Rémy Pingoud, démissionnaire sera remplacé par la psychologue Myriam Karlström (58 voix) et Pascale Gilgien (63 voix), Esther Gaillard (61 voix) et John Christin (59 voix) ont tous trois été réélus.

Un trublion souhaitable?

Avec 12 voix, Daniel Fatzer estime avoir obtenu un meilleur résultat que ce à quoi il s’attendait. Il s’est déclaré «serein quant au résultat, soulagé de ne pas avoir été élu et inquiet pour notre Eglise. Aujourd’hui, on a choisi de faire comme d’habitude. J’ai un peu l’impression que l’on est dans le Titanic avant d’avoir touché l’iceberg.» Le pasteur se reconnaît volontiers dans le qualificatif de trublion. «Ce que nous a dit le synode aujourd’hui c’est qu’il ne voulait pas de trouble. On aurait pu imaginer que justement il reconnaisse la nécessité d’avoir au moins un trublion au Conseil synodal pour apporter une vision différente des choses.»

Le Conseil synodal devra être attentif à la pluralité

Pour Martin Hoegger, «il est essentiel que le Conseil synodal prenne au sérieux les signes de contradiction, au sens évangélique du terme, qui lui ont été adressés.» Le pasteur se dit heureux des rencontres qu’il a pu faire grâce à sa candidature. Avec 28 voix, il n’était qu’à 6 voix de l’élection, un résultat auquel il ne s’attendait pas. «Le rôle du Synode est de maintenir l’unité de l’Eglise. Les différentes tendances théologiques devraient donc être présentes au Conseil synodal à défaut le Conseil synodal devra être particulièrement attentif à cette question.

Après s’être retiré pour une première séance, le nouveau conseil synodal, par la voix de Xavier Paillard, président désigné par ses pairs, a promis avoir entendu l’inquiétude de certains délégués quant à la question du pluralisme au sein de l’EERV. Ce nouveau conseil synodal entrera en fonction le 1er août.

Première femme présidente du Synode

La majorité de l’exécutif de l’EERV passe donc en main féminine, probablement une première dans son histoire. Sylvie Arnaud a été nommée présidente du Synode, également une première, comme l’a souligné l’ancien président David Freymond. Christine Girard sera vice-présidente. François Paccaud, comme secrétaire ainsi que Véronique Keller et Robert Derbigny comme scrutateurs complètent le bureau du Synode.

Cet article a été publié dans :

L'édition du 30 juin 2014 du quotidien vaudois 24heures.

L'édition du 4 juillet du périodique suisse-alémanique Reformierte presse.