L’Eglise de Neuchâtel ne vit pas une crise, mais une évolution naturelle

L’Eglise de Neuchâtel ne vit pas une crise, mais une évolution naturelle

L’Eglise réformée évangélique du Canton de Neuchâtel a annoncé le départ de son chargé de communication. Celui-ci suit de près la démission de plusieurs cadres de l’administration cantonale de l’Eglise. L’institution est-elle en crise?

Photo: Le siège de l'EREN à Neuchâtel.

Propos recueillis par Joël Burri

En six mois à peine, le secrétaire général et son adjointe, le responsable des ressources humaines et le chargé de communication de l’Eglise réformée évangélique du Canton de Neuchâtel (EREN) ont posé leur sac. Ces départs suivent de peu des changements au sein du Conseil synodal. Christian Miaz, président du Conseil synodal depuis septembre 2013, apporte son éclairage à cette situation. Interview.

Christian Miaz, de nombreux départs ont été annoncés au sommet de l’administration cantonale de l’EREN. Est-ce le signe d’une crise?

Non, pour moi, c’est plutôt une évolution naturelle. Il y a une équipe qui a porté l’institution durant des années cruciales pour l’EREN et aujourd’hui ils ont envie de passer à autre chose. Le seul défi est que ces départs tombent en même temps.

Ce n’est pas lié à un éventuel changement d’orientation qu’aurait pu connaître l’EREN avec les changements au Conseil synodal de l’année passée?

Je précise d’abord, que plusieurs de ces départs étaient annoncés depuis des mois. On m’en avait informé juste après mon élection.

En outre, une Eglise ne change pas d’orientation comme ça. Dans notre mentalité suisse c’est impossible. Nous avons un programme de législature (2012-2016) et nous nous y tenons, ce sont des engagements que le Conseil synodal a pris. L’équipe en place proposera son propre programme de législature, en 2016, et cela ne se fera pas dans la rupture.

A titre personnel, même si je me suis jadis opposé à certains dossiers, aujourd’hui, comme membre du Conseil synodal, je les défends comme mes dossiers.

Lors de votre élection, vous aviez pourtant promis une gestion moins managériale et plus spirituelle de l’EREN que votre prédécesseur…

Aujourd’hui, six mois après, je ne dirais plus les choses comme cela. Je vois plus clairement en quoi consiste ce travail et à mon avis une gestion spirituelle des dossiers, cela n’existe pas. Quand le travail est là, il faut le faire. Gabriel Bader, mon prédécesseur, a des compétences managériales que je n’ai pas. Il les a mises à la disposition de l’EREN à un moment crucial de son histoire, son savoir-faire a permis à l’Eglise de traverser un moment difficile. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’avait pas de dimension spirituelle! On ne peut pas opposer spirituel et managérial dans la gestion des problèmes.

Moi, comme je n’ai pas ces compétences, je suis ainsi contraint de m’appuyer sur les autres.

Il n’y a donc pas de volonté de renforcer les paroisses au déficit de l’administration cantonale?

Non, depuis sa création, l’EREN a toujours eu pour mission d’avoir une vie communautaire, les paroisses, et d’entretenir des services à la population, qui relèvent plutôt des organes cantonaux. Il n’y a pas eu de changements et il n’y en aura pas, dans l’accomplissement de ces deux tâches.

Ces départs ne sont-ils pas le signe que l’EREN est utilisé comme un simple tremplin professionnel?

C’est un reproche injuste! Je m’insurge contre cette idée! L’EREN a toujours favorisé la formation de ses employés. Elle les a toujours poussés à acquérir des compétences qu’ils peuvent ensuite mettre au profit de l’institution. Notre Eglise a toujours incité les gens à se former, s’ils ne le faisaient pas, notre Eglise n’avancerait pas. Jamais on ne ferait le même reproche à un pasteur qui quitterait l’EREN pour aller travailler dans un canton voisin!

Pourtant, on a l’impression que certains employés cantonaux n’ont plus de liens avec la base de l’EREN…

Mais quelle base? La base paroissiale ou la base correspondant à la place de travail là où ils sont? Quand on recherche quelqu’un pour un poste, on recherche quelqu’un qui va agir pour le bien de l’Eglise. On regarde d’abord ce qu’il ou elle peut apporter à l’Eglise. A l’exception de postes très particuliers, on ne peut pas travailler dans l’EREN sans avoir des contacts réguliers avec les paroisses.

Tous ces départs sont-ils le signe d’un manque de confiance envers l’employeur EREN?

Le Synode a toujours donné un cadre de travail stable, dans les limites de la situation dans laquelle se trouve l’EREN. On essaie de donner des conditions d’emploi stables qui permettent l’épanouissement de la personne.

Récemment un grand effort a été mené au niveau des contrats de travail et de la formulation des rôles (cahier des charges). Cela a été mal compris par certains, mais cela était nécessaire. Quand j’ai commencé à travailler à l’EREN, par exemple, je n’avais pas de contrat. Je n’en ai eu un que récemment.

Tout ce travail a permis de définir qui était l’employeur entre la paroisse et le Conseil synodal et mieux définir les fonctions de chacun.

Vous le reconnaissiez en début d’interview, ces départs multiples sont un défi pour l’EREN.

Dans un premier temps, il y a un ralentissement. Il faut réapprendre à travailler ensemble, mais l’EREN ne s’est jamais arrêtée. Certains projets font par contre les frais de cette situation: on a dû repousser la présentation au Synode de certains dossiers. Mais on est loin d’être en stand-by. Un président qui est là depuis quatre ou cinq ans peut faire face à toutes les crises, là on n’est pas encore parvenu à la vitesse d’avant le changement de président.

Enfin concernant le poste de chargé de communication, va-t-il être repourvu? Va-t-il être modifié?

Il est trop tôt pour en parler. Un groupe de travail a été mis en place à ce sujet.

Cet article a été publié dans :

La Vie Protestante Berne Jura Neuchâtel dans son édition d'avril 2014